Un film détonant basé sur une nouvelle de Wolfgang Kohlhaase, une œuvre qui sort des sentiers battus sur la seconde guerre mondiale. Ce film, que l’on ne pourrait plus tourner suite aux événements actuels qui opposent la Russie à l’Ukraine et politiquement à l’Occident, est le fruit de l’impossible relation germano-biélorusso-russe. Un film dont l’élaboration et la réalisation sont bien éloignés de la rudesse d’esprit imaginable de la dictature morale et de la propagande actuelle. Le film se regarde comme un thriller psychologique puissant. L’auteur s’est inspiré de situations réelles multiples pour écrire un scénario parcourant l’incroyable adaptation des hommes à se sortir de la barbarie. Le film a pour cadre un camp d’internement géré par les nazis. Par miracle le héros du film survit à une fusillade en brandissant un livre. Il est affecté aux cuisines du camp en raison de sa prétendue origine persane. Interné, il est conduit devant l’officier des subsistances. A partir de cet instant une relation compliquée aux multiples rebondissements va se créer. Les acteurs incarnent à merveille leurs rôles. Sans temps morts, on ne voit passer les 122 minutes du film.
Ce film ne s’adresse pas uniquement aux amateurs du genre guerre. Le choix des acteurs parfaitement choisis est déterminant et donne une rare force de conviction au récit. Oui, ce film se regarde comme on lit un livre. Méconnu, il eut mérité bien des récompenses données à des navets orientés comme on en voit souvent à Cannes.
© Philippe Hervet