L’exercice trilatéral vise à améliorer l’interopérabilité des moyens. Il résulte d’un accord passé en 2010 entre les USA, la Grande-Bretagne et la France. Les 2 premières éditions se sont tenues à Langley en Virginie en 2015 et 2017. En raison du covid l’édition 2020 a été reportée d’une année. Pour la première fois, ATLANTIC TRIDENT se déroule en France et plus particulièrement sur la BA 118 de Mont de Marsan.
Les avions de combat les plus performants sont engagés, le RAFALE F3-R, le TYPHOON et le révolutionnaire F35-A et B. Les F35-B britanniques et américains du porte-avion Queen Elizabeth qui croisait en mer Méditerranée et les F35-A américains basés sur la BA 118 de Mont de Marsan commandée par le Colonel Damien Rouillé ont donné le ton de la 5ème génération d’avions de combat.
Deux zones de conflit furent déterminées, la plus grande à l’Ouest de la Nouvelle Aquitaine en grande partie au-dessus de l’océan. Dans cette zone « no limit », aucune restriction de vitesse et d’altitude n’entravait les évolutions. L’autre zone couvrait le Massif Central.
Le dispositif était placé sous la responsabilité du Général de brigade aérienne (GBA) Jardin, commandant la brigade aérienne de l’aviation de chasse (BAAC). Les missions se sont concentrées essentiellement sur les actions Air-Air, la coordination fut dévolue à la Liaison 16. La Liaison 16 est un système complexe et sécurisé d’échange de données en temps réel. Les avions sont connectés entre eux. Ils transmettent automatiquement leur position et les données des capteurs sont envoyées via une clé de chiffrement qui distingue les aéronefs amis. La boucle de décision est réduite significativement. L’application « commandement centralisé – exécution décentralisée » assure la supériorité immédiate lors d’un conflit. Tous les intervenants bénéficient d’une situation unique et cohérente de tous les systèmes français et alliés.
A raison de 2 raids journaliers, les équipages ont pu se mesurer et acquérir des compétences tactiques. Comme aime à le souligner le GBA Jardin, cela fut fait dans un véritable esprit coopératif des équipages alliés. Chacun prenant sa place dans le dispositif et n’hésitant pas à se mélanger pour la réussite de la mission. Je lui fis la remarque que cet esprit était un fait marquant lors de la guerre du Golfe où déjà je partageais personnellement beaucoup avec les américains. Le général concluant, je cite « La où il y a une volonté, il y a un chemin ».
Pour les rares invités, la journée MEDIA DAY débuta par un long briefing en anglais dans le bel amphithéâtre du Régiment de Combat 2/30 Normandie-Niemen. Le GBA Jardin rappela les enjeux de l’exercice avant que l’Airboss définisse l’ordre de bataille pour la Blue Force qui intervenait l’après-midi lors de la Shadow wave. A 12 aéronefs contre 8 de la Red Force, les aviateurs alliés basés à Mont de Marsan mettaient la dernière touche à l’engagement. Guerre électronique et brouillage furent abordés après que les invités fussent invité à sortir.
Après le repas au mess, nous étions autorisés à photographier un RAFALE et un F35 en statique. L’intervention du SIRPA et de la cellule communication de la BA 118, permis de prendre des photos des avions au roulage ainsi qu’au décollage. Les américains se sont montrés très tatillons sur la confidentialité de leur appareil. Le F35 est un avion très innovant qui comporte 2 soutes à munitions pour optimiser la furtivité.
La journée se poursuivi dans la salle Jeannette où grâce à la liaison 16 nous assistâmes en direct aux évolutions des Red et des Blue sous la direction d’un Airboss. L’Airboss est un pilote tacticien chevronné dont le rôle est de construire un exercice. Il intervient tout au long des opérations jouant un rôle d’arbitre entre les deux composantes. La journée ne peut finir sans un débriefing qui est la clef du savoir. Durant près de 2 heures, chaque pilote va analyser les enregistrements effectués des actions engagées. Débutant par une vue globale du raid, le débriefing s’attache ensuite longuement sur les actions individuelles des participants. Les erreurs sont décortiquées et valorisées afin que chaque pilote en retire un bénéfice. L’ironie du logiciel TacView qui synchronise l’ensemble du raid réside de sa provenance du domaine du jeu.
L’application du logiciel à l’aviation militaire est à mettre au crédit d’un capitaine pilote fan de jeu connecté. Ce pilote nous fit un exposé magistral qui ne laissa personne indifférent.
Tout au long de la journée, je fus entouré de personnels attentionnés ce qui laisse une impression infinie de satisfaction. L’esprit Armée de l’Air n’a pas été usurpé par la modernité et l’Espace qui s’est ajouté à sa dénomination. Il m’est impossible de clore cet article sans mentionner le très haut niveau d’expertise des participants qui font preuve de passion pour leur métier.
Entre le 17 et le 28 mai 2021, deux types de missions furent réalisées chaque jour. Le matin, le niveau le plus important avec 40 avions de combat il s’agissait de représenter de planifier des missions d’Entry Force internationale. L’après-midi, la Shadow Wave à laquelle j’ai assisté relevait de l’entraînement et du perfectionnement des pilotes.
Au total, ATLANTIC TRIDENT c’est plus de 600 participants dont 457 déployés sur la BA 118, 50 avions de chasse et 15 avions supports (ravitailleurs, commandement et conduite, transport et assaut, hélicoptères)
Pour le récent HMS Queen Elizabeth, il s’agit de la première opération d’envergure. On retiendra le premier ravitaillement en vol d’un F-35 par un A 330 MRTT Phénix.
Le RAFALE F3-R intègre le missile longue portée Météor et la nacelle de désignation laser Talios.
En résumé, le dispositif comportait les forces suivantes :
Les RAFALES de la 30ème escadre de chasse
- Escadron de chasse et d’expérimentation 1/30 Côte d’Argent
- Escadron de chasse 2/30 Normadie-Niemen
- Escadron de chasse 3/30 Lorraine
- Escadron de soutien technique aéronautique 15/30 Chalosse
Le 388ème Fighter Wing qui est basé à Langley. Il compte 2000 aviateurs et civils ainsi que 78 avions F-35A
– 12 F-35 A
La Royal Air Force
XI Squadron basé à Coningsby
- 4 TYPHOON dont l’un nous fit une montée sous un angle de 80° au moment de la sortie du mess
Depuis le HMS Quenn Elizabeth
- 4 F-35 B de la RAF
- 4 F-35 B de l’USAF
À cela il faut ajouter
- 2 KC 135, RAF
- 2 KC-30 Voyager RAF
- 1 Phénix ou 1 C 135, d’Istres
- 1 E-3F, d’Avord
- 1 E3-D, VIII Squadron
- 8 MIRAGE 2000, soit D, -5, RDI, Nancy, Luxeuil, Orange
- 4 ALPHAJET, 8ème Escadre Cazaux
- 2 PILATUS PC-21, Cognac
- 4 RAFALES Marine, flotille 12F Landivisiau
- 2 CARACAL, EH 1/67 Pyrénées Cazaux
- 1 A400M, Atlas 1/61 Touraine Orléans
- 2 C 130, 62ème escadre de transport Orléans