Fort agréablement, le soleil était au rendez-vous en ce mercredi 24 mars 2021. Sur la Base Aérienne colonel Rozanoff un panache de fumée tricolore traverse l’azur depuis la veille. Annoncée par les médias à la population montoise toute acquise à l’art aérien, la Patrouille de France est venue s’entraîner en conditions réelles de meeting.
Toutes les manifestations aériennes ont été malheureusement annulées pour cause de pandémie. Afin de maintenir le niveau d’excellence, de sécurité aérienne et la cohésion tant des pilotes que des mécaniciens, il est nécessaire de procéder à des entraînements au plus près du réel. En cela, le secteur de MONT DE MARSAN, par la monotonie de sa forêt de pins et l’absence de repères au sol, constitue un lieu d’exercice difficile pour les pilotes (confidence faite par le colonel Rouillé commandant la BA 118 après son vol en place arrière avec le capitaine Julien, Athos 5, premier solo).
Tout commence à 15 h00 dans une salle de briefing. Là, dans un silence quasi religieux, je suis le témoin privilégié de la répétition mentale des pilotes. En effet, avec des gestes plus ou moins lents ou rapides, ces pilotes répètent la démonstration. Parfois, un claquement sec des mains, des « top » et le mot « trim » prononcé de façon récurrente sont autant de rituels qui ponctuent la préparation. Au centre de la salle, un écran affiche une vue verticale du terrain.
Piste 27 en service, température 20°, visibilité supérieure à 10. Un temps de curé, il est 16H, en bout de piste monte un panache de fumées colorées. En deux pack de 4 et trente secondes les Alphajets sont en l’air. Les pilotes, bien dans la tradition de la Patrouille de France, vont donner leur maximum, exprimant une maîtrise du vol exceptionnelle. Il faut savoir que suite à la pandémie, le renouvellement de pilotes qui se fait par trois tous les ans n’a pas eu lieu explique le capitaine Grégory, Athos 2, intérieur droit resté au sol. Sa place dans la Patrouille est occupée par le pilote remplaçant.
Ce dernier est le plus chevronné de l’équipe : le capitaine Cyril est capable de prendre toutes les places sauf celle du leader, le commandant Samuel. Ce rôle est d’une difficulté maximale car le pilote doit souvent inverser le sens des commandes d’une place à l’autre. Toujours à cause de la pandémie, ce pilote en est à sa sixième année dans l’équipe, un record absolu.
En échangeant avec le capitaine Jean-Philippe, extérieur droit, j’ai appris que son père était arpète de l’EETAA de Saintes prouvant une fois de plus que nous sommes une grande famille. La journée se termine par une photo de groupe avec les pilotes, le commandant de base et le maire de la ville.
Deux mots d’histoire : La Patrouille de France est née officiellement le 14 septembre 1953 après qu’un commentateur en a clamé le nom au meeting d’Alger le 17 mai de la même année. La première patrouille recensée est la Patrouille d’Étampes en 1931. Elle rejoindra Salon de Provence en 1937. La PAF est ambassadeur de l’Armée de l’Air et de l’Espace, elle atteste en France, en Europe et dans le monde de l’excellence des ailes françaises. L’Alphajet a succédé au Fouga Magister en 1981. Touchés à leur tour par l’âge, les Alphajets de la PAF devraient selon le général Lavigne, Chef d’État- major de l’Armée de l’Air et de l’Espace, profiter des avions écoles eux-mêmes remplacés par les Pilatus PC21. Les Alphajets pourraient voler jusqu’en 2035, mais ceci ne ferme pas les portes à un remplaçant.